Christian Houge : un artiste à suivre à la trace
Le photographe norvégien Christian Houge, dont nous présentons le travail sur Artistics, a décidemment le vent en poupe : une exposition en cours dans un musée...
Né en 1972, Christian Houge est un photographe contemporain norvégien qui vit et travaille à Oslo. Cet artiste, très engagé sur la scène de l’art contemporain, propose une photographie qui interroge le rapport qu’entretient l'homme avec la nature.
Depuis près de 20 ans, Christian Houge questionne la place de l'Homme dans son environnement. Il interroge la dualité de notre rapport à la nature, entre symbiose et affrontement, et remet en question l’opposition entre nature et culture. C’est ce questionnement qui l’a conduit à parcourir l’île glacée de Spitzberg, dans sa Norvège natale, pour interroger les traces laissé par l’homme dans ces territoires hostiles à sa présence.
Dans sa série Shadow Within, à l’instar de l’artiste Vincent Munier, Christian Houge a choisi de photographier des loups. Cette série lui a demandé 3 ans de travail et l'a conduit de la Norvège aux États-Unis. Avec Shadow Within, le photographe redonne toute sa complexité à cet animal qui, dans notre imaginaire collectif, est presque exclusivement associé à la violence et au danger : "En Norvège, nous avons une longue histoire avec les loups. Lorsque j’étais enfant, j’ai entendu tous ces contes de fées, toutes ces histoires imaginaires mais aussi réelles à leur sujet. Il s’agissait très souvent de récits effrayants, avec le "grand méchant loup" qui hurle à la lune et dévore les enfants. Dans la religion chrétienne, le loup est aussi la bête du diable… On dit qu’aucun humain n’a été tué par un loup à l’état sauvage depuis 1843. Pourtant, chaque fois qu’un loup est repéré dans les environs d’Oslo, ça fait la une des journaux car ça réveille une peur profonde en nous" déclarait-il lors d’une interview en 2013. Or, pour l’artiste contemporain, le loup a beaucoup de similarités avec l’homme (ce qui pourrait expliquer pourquoi il nous fascine tant) : "Nous y voyons une part de nous-même, une part dont la culture nous tient éloignée". A travers cette série, la photographie contemporaine nous amène à interroger nos préjugés en nous donnant à voir l'animal dans toute la diversité de ses comportements.
Pour les séries Barentsburg/Pyramid, Christian Houge a effectué des séjours répétés dans l'archipel de Svalbard, dans l'Arctique. Sur ces territoires abandonnés, où l’URSS avait installé plusieurs colonies minières à la suite du traité de Spitzberg, Christian Houge entame un voyage dans le temps. Nous découvrons ainsi les vestiges d’un empire soviétique (demeures, stations météorologiques), figé dans le pergélisol norvégien. Ici, l’art contemporain interroge l’Histoire et donne à voir l'impact de l'activité humaine, ses motivations et ses effets, sur un environnement encore presque vierge. De la même façon, la série Arctic Technology, réalisée sur le même archipel, donne à voir le contraste saisissant entre des installations scientifiques de pointe et une nature totalement hostile à toute présence humaine. A travers ce contraste, il s’agit pour l’artiste de montrer jusqu’où l’homme est prêt à aller dans sa recherche de connaissance sur lui-même et ce qui l’entoure.
Deux fois nominé au prestigieux Prix Pictet, le travail de Christian Houge a déjà été exposé dans de nombreux musées et galeries d'art aux États-Unis, en Europe et en Asie. En 2015, son exposition 'Paradise Lost' a été présentée dans trois villes chinoises dont Pékin, au Three Shadows Photography Art Centre, qui a exposé de célèbres photographes à l’instar de Ken Kitano ou Sasha Weidner. En 2019, le prestigieux musée Fotografiska de Stockholm, consacré à la photographie contemporaine, a présenté sa dernière série, Residence of Impermanence.