
Les œuvres de l'artiste française Jane Puylagarde font partie de notre selection de peintures contemporaines. Elles sont composées par une myriade de petites gouttes d’acrylique, sont animées par un mouvement continu qui puise son inspiration dans celui du cosmos.
De la mode à la peinture monochrome
Grande passionnée de mode, Jane Puylagarde lance sa marque de prêt-à-porter dans les années ’80 et séduit rapidement une clientèle française comme internationale. Sa carrière prend finalement une autre direction lorsqu’elle fait la rencontre, au Mexique, d’une indienne artisan peintre. C’est en la voyant concentrée à orner ses poteries d’une succession de petites gouttes de couleurs qu’elle trouve son inspiration et c'est à ce moment-là qu'elle décide de se tourner vers la peinture pour s’y consacrer entièrement et définitivement.
Initialement Jane Puylagarde choisit une esthétique polychromatique, qu’elle abandonne ensuite pour passer à une peinture monochrome utilisant seulement les couleurs qu’elle considère les plus pures et élégantes : le noir, le blanc, le rouge et le bleu. Sa pratique artistique entretient toujours des liens avec l’expérience passée dans la mode, notamment l’importance attribuée à la matière et à la texture, qui rendent ses tableaux captivants et presque « sensuels ». L’artiste a également adapté sa démarche créatrice de styliste en concevant ses œuvres comme différentes collections de mode qui se succèdent.
Une technique méticuleuse et méditative
Depuis le début des années ‘90, Jane Puylagarde compose ses peintures monochromes uniquement à l'aide de petites gouttes de peinture acrylique. La succession de ces gouttes forme sur la toile des reliefs harmonieux qui vont composer l’œuvre finale. Les gouttes sont déposées avec des épingles à cheveux ; l’artiste conçoit chaque goutte individuellement à travers l’apposition de couches successives, jusqu’à une quinzaine. Son processus de travail ressemble à celui d’un architecte, qui construit son immeuble étage par étage. Il s’agit d’une technique très répétitive, presque hypnotique.
Les dessins préparatoires sont une partie essentielle du travail : toutes les toiles sont dessinées avant. Lorsque Jane Puylagarde travaille ses peintures monochromes, elle travaille les toiles hors du châssis pour qu’elle puisse les bouger librement. A la manière d’une brodeuse, elle manipule ce matériau souple et l’orne d’une multitude de perles de peinture. Une fois l’œuvre est terminée, cette peintre contemporaine repeint tout avec un pinceau très doux, afin de lier toutes les gouttes dans la composition et conférer à l’œuvre son aspect duveteux et velouté.
Le mouvement et la lumière
Alors qu’initialement Jane Puylagarde peignait sur toute la toile, plus récemment elle se concentre sur une partie, en faisant émerger un mouvement dynamique de volutes et spirales dans ses peintures monochromes. Fascinée par la beauté de l’univers, par le mouvement des planètes autour des étoiles, par le sentiment ressenti devant le vide sidéral, l’artiste inscrit ainsi sa propre interprétation des astres et du cosmos dans ses toiles. S’inspirant de certains théorèmes mathématiques, elle voit chaque goutte comme un atome unique et avec son propre mouvement, qui constitue l’ensemble avec les autres.
La lumière artificielle est un élément essentiel pour l’artiste, elle « nourrit » le tableau en apportant des ombres qui lui confèrent de la force, de l’énergie et de la profondeur. La peinture monochrome acquiert des nuances des couleurs différentes selon la lumière et le tableau devient ainsi évolutif et changeant. L’artiste affirme : « Je ne peux pas apprécier mon tableau s’il est mal éclairé, il devient plat. Je ne l’ai pas fait pour qu’il soit comme ça ; je l’ai fait pour qu’il soit accompagné par la lumière dans les ombres ». Afin d’intégrer de manière indissociable la lumière aux œuvres, Jane Puylagarde rajoute souvent un système d’éclairage LED à ses toiles.
Jane Puylagarde vit et travaille à Paris. Ses œuvres abstraites sont régulièrement exposées dans des galeries parisiennes et internationales. Ses peintures monochromes font l’objet d’acquisitions régulières de nombreux collectionneurs depuis les années 1990. Une de ses œuvres est exposée de manière permanente à la fondation Imagine, un institut de recherche dédié au traitement des maladies génétiques et situé dans l'hôpital Necker à Paris.