Rapport Hiscox 2019 sur le marché de l’art en ligne

Le rapport annuel Hiscox vient de paraître ! Une mine d’informations pour qui s’intéresse au marché de l’art en ligne et à la manière dont, année après année, le numérique bouleverse le rapport des collectionneurs à l’art et à l’achat d’œuvres d’art.

En préambule, un mot sur la méthodologie: l’étude Hiscox 2019 se base principalement sur les réponses de 706 acheteurs d’art internationaux, de tout âge et correspondant à différents profils de collectionneurs (jeunes ou plus avertis). Ont également été interrogés : 128 galeries et marchands d’art, dont 60% liés à l’art contemporain et une grande majorité de galeries de taille petite ou moyenne, ainsi que 42 dirigeants de plateformes d’art en ligne (parmi les 75 listées à la fin du rapport, pp. 35 à 43).

En 2018, le marché de l’art en ligne a poursuivi sa croissance (+9,8%, s’établissant à 4,64 milliards de dollars), mais à un rythme moindre que les années précédentes (12% en 2017 et de l’ordre de 20-25% entre 2013 et 2015).

Le rapport avance que « le sous-investissement technologique pourrait ralentir la croissance de ce secteur », pointant que « alors que de nombreuses maisons de vente se sont rapidement adaptées à la nouvelle ère numérique, d’autres secteurs de l’industrie, tels que les galeries et les marchands, sont encore en train de se familiariser avec le marché de l’art en ligne et de décider s’ils doivent ou non y adhérer et comment s’y prendre ». En substance : le marché pourrait être plus dynamique… si les acteurs traditionnels du marché de l’art adoptaient une démarche plus volontaire pour l’investir.

De leur côté, la majorité (77%) des plateformes en ligne interrogées continuent de porter un regard positif sur l’évolution du marché au cours des 12 prochains mois. Il est vrai que, si l’on se fie à la croissance globale du e-commerce en 2018 (+18%), le potentiel de croissance de l’art en ligne semble plutôt flatteur. Après les maisons de vente, les méga-galeries semblent l’avoir compris : Gagosian a lancé sa propre « online viewing room » en juin 2018, emboîtant ainsi le pas à David Zwirner qui avait lancé la sienne en janvier 2017. Le rapport évalue à 15% par an en moyenne le taux de croissance futur du marché de l’art en ligne, qui devrait ainsi se hisser à 9,32 milliards de dollars d’ici 2024.

Au niveau des acheteurs en tout cas, le web ne semble plus être un territoire réservé aux seuls aventuriers… Loin s’en faut : 44% des acheteurs d’art interrogés ont déclaré avoir acheté de l’art en ligne au cours des 12 derniers mois. Et 46% ont indiqué qu’il leur était indifférent d’acheter en ligne ou hors ligne (contre 41% en 2018). Tandis que certains marchands continuent de voir Internet comme une No Go zone, il semble bien que beaucoup d’acheteurs s’y sentent plutôt à l’aise.

Cette familiarité est bien sûr plus prononcée encore chez les Millennials : 29% d’entre eux déclarent préférer acheter de l’art en ligne que hors ligne (contre 14% il y a un an). 23% indiquent même ne pas avoir acheté d’œuvres d’art dans un espace physique (galerie, maison de ventes ou  foire d’art) avant d’acheter de l’art en ligne. Ce qui, pour les rédacteurs du rapport, « indique que le marché de l’art en ligne joue un rôle important dans l’éducation et l’introduction de nouvelles générations d’acheteurs à la collection d’art. »

La majorité (55%) de ces Millennials acheteurs d’art découvrent les plateformes d’art en ligne via les médias sociaux. Des réseaux qui sont de plus investis par les collectionneurs dans leur ensemble, en particulier Instagram qui, depuis 2017, est devenu le réseau de prédilection (devant Facebook) pour découvrir, suivre, voir les tendances et trouver de l’art à acheter. 34% des acheteurs ont ainsi déclaré que les médias sociaux avaient un impact croissant sur leur décision d’acheter de l’art.

Le rapport Hiscox 2019 se penche également pour la première fois sur des sujets qui, pour le meilleur ou pour le pire, s’invitent de plus en plus souvent dans l’actualité du monde de l’art : menace de la cybercriminalité (p. 23), marché des crypto-monnaies et technologie Blockchain (p. 24), émergence de la propriété partagée (fractional ownership) en matière d’achat d’œuvres d’art (p. 25).

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