Tien Wen : « De l’énergie à l’audace »

Il y a quelques semaines, le public parisien a pu découvrir le travail de Tien Wen, que nous sommes heureux de compter parmi les artistes de la galerie, dans le cadre de l’exposition « De l’énergie à l’audace ». Une sélection de ses sculptures en céramique y était présentée, aux cotés de 3 autres artistes contemporains. Si vous n’avez pas pu vous y rendre, nous vous invitons à découvrir ci-dessous le compte-rendu de notre visite.

« Il faut l’énergie d’un artiste pour passer de l’idée à l’action.
Il faut l’audace d’un collectionneur pour passer de l’envie à l’achat.
Il faut de l’audace et de l’énergie pour mettre sur le devant de la scène les œuvres d’artistes en lesquels on croit. »

— Christine Dubuisson, curatrice de l’exposition.

C’est sur ces quelques mots que s’ouvre l’exposition « De l’énergie à l’audace ». Christine Dubuisson et Isabelle Dedieu ont créé un accrochage qui met en lumière le travail des artistes Tien Wen, Fabienne Auzolle, Marie Goyat et Guillaume Roche.

Tien Wen, Les Japonisantes, 2017

Tien Wen est une artiste taiwanaise qui a choisi la France « comme un pays de référence culturelle et artistique ». Profitant de cette exposition collective, elle présente de nouvelles pièces appelées Les Japonisantes. Forte d’une nouvelle formation en résidence au Japon, elle étudie la culture ancestrale de la céramique et le travail de la porcelaine. Elle va alors créer de nouveaux moules en plâtre afin de capturer des formes en porcelaine tout en y insérant des feuilles de céramique. Un travail délicat, dans sa manipulation, induite par la matière.

Travaillant avec la forme sortie du moule et sur l’équilibre de celle-ci qui se retrouve recouvert ici d’une émaille blanche. La forme et la manipulation sont dans la continuité de ses Vases clos.

Le travail de Tien Wen trouve son accomplissement dans la perfection des lignes et la douceur des formes. Pour cela elle écrase sa pièce, puis la déforme, la dérègle. La déformation est entièrement définie par la pièce elle-même. Les sculptures peuvent être très hautes ou très basses, c’est dans la manipulation même de la pièce que la ligne se dessine, rien n’est prémédité.

La pièce dessine la forme

Tien Wen 

 

Tien Wen, Collection ascension (Hypocauste et Adyton), 2009  et  Pinacle, 2016

La matière influence fortement le résultat, mais c’est le regard de l’artiste qui stoppe la construction de l’œuvre. L’équilibre est trouvé lorsque Tien Wen voit émerger un esthétisme qui appelle à l’émotionnel.

On se retrouve alors face à un jeu d’équilibre entre le regard de l’artiste et la matière qui cherche un point de rencontre où l’harmonie se fait jour. Cela crée alors certaines dissonances entre les différentes faces d’une même pièce, tantôt fine, tantôt épaisse. L’œuvre reste toutefois équilibrée et surprenante. On ne peut imaginer la forme de la pièce dans sa complétude avant d’en avoir fait la découverte de visu. Elle se joue alors de notre imagination et cherche à empêcher notre regard de voir en ses sculptures un objet ou une destination.

Tien Wen s’inspire énormément de l’artiste sculpteur Antoine Poncet qui voit la sculpture comme nécessaire pour accéder aux rêves, au spirituel.

Antoine Poncet, Algebrica (Typhonoir), 1985-1987

Tien Wen, Série des Vases Clos, Caldarium 0609, 2016

 

La part du mouvement est essentielle dans mes recherches. Tout est mouvement dans la nature, dans la vie. Comme le fil-de-fériste, une fois le pied engagé, il faut marcher jusqu’au bout, fidèle à la recherche de l’équilibre. Ce maintien de l’équilibre est indispensable pour la sculpture, repoussant de la paume des mains tout ce qui dépasse et peut faire chuter, retenant dans l’enveloppe apparente, cette vie rare et inexplicable, comme l’eau vivant entre deux rives.

Antoine Poncet

Jouant avec la monumentalité et la dissonance entre la sculpture et son socle, Tien Wen réduit alors le lien entre eux. Cela donne à la structure un sentiment de fragilité qui apporte alors la douceur et l’apaisement recherchés dans la réception et la contemplation de son travail.

Tien Wen nous narre aussi l’histoire de la ligne avec la ligne, qui donne forme à ses sculptures, rendue d’autant plus visible avec la clarté de ses pièces. Le noir, présent dans beaucoup de ses sculptures, sous l’apparence d’une matière satinée, permet l’apparition de cette ligne avec beaucoup de sobriété.

Le futur travail de Tien Wen va se concentrer sur de nouvelles matières et nouvelles formes, notamment l’utilisation du ciment, qui est un casse-tête technique, un défi à surmonter pour elle. Tien Wen recherche toujours de nouveaux défis, de nouvelles épreuves à franchir pour toujours mieux maitriser son art. Pour la forme elle cherche à étudier l’ovoïde, la forme d’œuf qui hante son esprit. Jouer avec cette forme aboutirait à une nouvelle esthétique pour l’artiste.

Il est question du jeu avec Tien Wen, un jeu des formes, de la sculpture de la terre et du travail manuel qui ont toujours pour objectif d’apporter une harmonie. Harmonie de la sculpture mais aussi harmonie de l’esprit.

Guillaume Roche, Exclos 194 et 208 – Guillaume Roche, Exclos 213 – 219 et 218 – Guillaume Roche, Syrite 3 – 4 – 6 et 7 – Tien Wen, Série des Vases Clos, Caldarium M02, 2017 

Lors de cette exposition la scénographie met en relation le travail de Tien Wen et celui de Guillaume Roche qui est sculpteur d’inox. Une opposition marquée entre la solidité du métal et la fragilité de la céramique. Guillaume Roche travaille le monumental. Lors de l’exposition sont montrées des sculptures qu’il considère comme des travaux d’études ayant pour finalité d’être reproduits en grand format. Un travail allant de pair avec une recherche constante sur l’infiniment grand et l’infiniment petit.

Celui-ci joue avec la forme, d’abord par l’effet poli et évoluant vers des formes plus striées, plus chargées, ainsi l’espace de la galerie nous fait voir l’évolution de la matière dans un parallélisme avec l’évolution de son travail personnel.

Une énergie en expansion canalisée par une force douce

Guillaume Roche

L’artiste joue sur la narration de la forme et s’efforce de mettre au cœur de ses sculptures une sphère embrassée par un éclatement de la structure ; une création sur la cosmogonie du Big Bang dans une retranscription sculpturale.

Fabienne Auzolle, Personnages

Fabienne Auzolle joue, elle aussi, avec la céramique en créant des personnages qui expriment une sacralité, et une féminité. Dans sa série des Arbres de vie, notamment, elle représente des vierges qui se mêlent à un merveilleux créateur, proche de la nature et de la philosophie asiatique. Ses sculptures s’inspirent directement des traditions brésiliennes dans l’assemblage de ces écailles de céramique, induisant une ritualisation sacrale comme une ritualisation dans le processus créatif de l’artiste.

Marie Goyat, « Intimité Céleste », « Des Animaux de collection », « Sur la planche »

Marie Goyat est une illustratrice qui mélange peinture et mosaïque de céramique, elle crée tout un univers d’esthétisme et de poésie, prétexte à raconter des histoires.

Avec sa série sur les animaux, elle crée un effet triptyque qui mêle le dessin et la mosaïque comme organisation narrative. Chaque tableau se met à raconter sa propre histoire et chacun s’accompagne d’une clef de compréhension, une citation en lien avec l’histoire narrée par l’artiste.

Un des autres travaux de l’artiste est la réalisation d’une fresque modulable de six panneaux, Marie Goyat nous laisse raconter notre histoire à travers la sienne, nous laissant une liberté d’interprétation et une liberté esthétique, car quel que soit le choix d’accrochage de l’œuvre elle restera un spectacle de couleurs, de matières, de textures et de lumières.

Créer, c’est rendre perceptible tout l’invisible qui touche au plus profond. Plus qu’une activité, c’est un état d’être. Plus qu’intellectuel, c’est l’écho de l’intime. Plus qu’un calcul, c’est une expression de cœur à cœur.

Marie Goyat

Une intimité se crée entre nous et l’œuvre. Intimité devenant une altérité avec des personnages sur planches, des visages, des masques mosaïques à partir de différents objets de récupération. L’œuvre devient un totem ; un objet sacré, qui raconte son histoire de par un nom et surtout de par ce qui le compose.

Les différents jeux de la matière, la construction et la déconstruction, le visible et l’invisible, c’est ce que nous fait découvrir cette exposition, entre l’équilibre des formes par la fragilité des pièces de Fabienne Auzolle et Tien Wen, l’explosion de matière de Guillaume Roche et Marie Goyat ; mais aussi entre l’esthétisme du volume de Tien Wen et Guillaume Roche, et l’hybridation des matériaux de Marie Goyat et Fabienne Auzolle. L’énergie créatrice des artistes prend vie par la matière, sa construction, son élévation, son assemblage, son énergie et son audace.

De l’énergie à l’audace, exposition collective du 18 au 25 novembre 2017 au 19 Côté Cour à Paris, XVIIIème arrondissement. 

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